lundi 21 mai 2012

Le temps d'un atelier au SAS de Waremme

 
Waremme un jeudi après-midi. Un parking attenant à une cour. Quelques personnes y terminent leur pause de midi sous le soleil. « Bonjour m'dame l'animatrice, z'avez une super voiture ! », nous lance un jeune par la vitre de la voiture de Véronique.
« Veille à bien dire bonjour à chacun individuellement, c'est important ici » m'expliquent Julie et Véronique avant de rejoindre le groupe. Une cour, une classe, un tableau, une institutrice, le bureau du directeur. Et pourtant nous ne sommes pas à l'école. Ici aussi les jeunes cherchent à tester les limites des encadrants, font chambard, s'excusent, vouvoient les adultes. Leur journée type est pourtant différente. Chaque matinée est passée en classe avec l'institutrice, Madame Sophie. Chaque après-midi est destinée aux « activités » encadrées par Monsieur Javier, stagiaire éducateur et Monsieur Frédéric, éducateur spécialisé du S.A.S.
Ces jeunes sont là pour diverses raisons les ayant mis à l'écart de leur école ; soit définitivement, soit temporairement. Ils se rendent alors au SAS sur base volontaire, pour une durée de 1 jour à 3 mois. Nous sommes au S.A.S. Compas Format ASBL Espace Tremplin, à Waremme, une structure d'accueil « pour les jeunes de l'enseignement primaire et secondaire de tous les réseaux, en décrochage scolaire ou en situation d'exclusion » . Les jeunes qui se retrouvent ici sont ceux qui ont du mal à s'intégrer à l'école, qui ont des problèmes de comportement qui restent en retrait, qui ont développé une phobie scolaire jusqu'à ne plus pouvoir s'y rendre. Se rendre... Accrocher à un système ou en être décroché...
SAS pour Service d'Accrochage Scolaire. Ce type de structure propose un système différent de celui du système scolaire, bien que chaque SAS ait son propre projet pédagogique. Ces structures dépendent à la fois du ministère de l'enseignement et de celui de l'aide à la jeunesse. Au SAS Compas Format de Waremme, on vise le bien vivre ensemble, le respect de soi et des autres, l'éducation comportementale, tout en gardant les jeunes à jour dans leurs matières scolaires. Un vrai jonglage pour l'institutrice, madame Sophie. « Je ne souhaiterais pas retourner dans l'enseignement » confie-t-elle. « Ici je suis plus qu'une prof pour eux. » En effet elle a environ 3 mois pour connaître et cerner chaque jeune, devenir à la fois une personne de confiance et une figure d'autorité afin de les aider à développer une image positive d'eux-mêmes tout en respectant des règles de vie, dont celles d'application à l'école. « Ma plus grande satisfaction c'est, lorsqu'ils nous quittent, les entendre dire merci pour leur parcours, les voir revenir nous dire bonjour,... ».
Les présentations faites, nous rejoignons tous ensemble l'intérieur du bâtiment. Au programme ce jeudi après-midi : activité « Nous sommes tous des Aliens ». Aux commandes de l'atelier Madame Julie et Madame Véronique, respectivement animatrice du Centre culturel de Waremme et de l'asbl Lecture et Culture. C'est leur 7ème atelier ici. Leur 7ème semaine. Elles ont vu partir plusieurs jeunes, et arriver d'autres. Comme cette jeune fille qui ne comprend pas ce qu'on va faire. « Ben madame, si on vous dit tu vas travailler sur alien, vous vous dites quoi? ». Elle en discute, avec les animatrices et les 5 autres jeunes qui lui expliquent le chemin pris ensemble, celui de l'expression de la différence. Elle baisse la garde, réfléchit, et s'intègre peu à peu à l'activité. Tout le monde veut parler, expliquer le projet, dire ce qu'il aime et apprécie moins. Il faut mettre des repères pour la prise de parole, et essuyer quelques brouhahas. Le temps de lancer l'atelier, le temps que chacun y trouve sa place. Pinceaux, rouleaux, pots d'acrylique, grandes feuilles, crayons, marqueurs, bouts de papier, enthousiasmes des animatrices. Et de nombreuses anecdotes échangées, différentes selon que Monsieur Javier , Monsieur Frédéric ou Madame Sophie sont à quelques mètres. Eux aussi participent et mettent la main à l'acrylique. Échanges de regards, d'idées, de rires, parfois de taquineries. Une espèce de fragile confiance et d'intimité s'installent peu à peu. Et lors des échanges en fin d'atelier on se dit que la semaine prochaine sera la dernière. En attendant le train je recroise une jeune fille présente au SAS. Je me dirige vers elle et le groupe dans lequel elle est pour la questionner sur l'horaire du train. Elle fait mine de ne pas me connaître. Ce dédain de jeunesse qu'affiche beaucoup d'ados.

Le résultat de ces ateliers est exposé jusqu'au 8 juin à l'Espace Laïcité de Waremme .
Véronique et Julie nous expliquent brièvement ce projet en vidéo (soyez indulgent(e) pour la qualité, c'est tourné avec un petit appareil photo, entre deux verres au vernissage :-)

Pour + d'info sur ce projet :
* Samuel Palladino , directeur du  SAS de Waremme (à gauche ci-dessous :-)
* Véronique Simenon , animatrice à Lecture et Culture asbl  (au centre ci-dessous :-)
* Julie Van Henden , animatrice au Centre culturel de Waremme (à droite ci-dessous :-)
      







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